Long métrage - 2018 -  75 minutes - Fiction - Format 1.85:1 - Stéréo/5.1 - DCP 2K - Red Dragon (5K) - Couleur - Visa d’exploitation du CNC : 144 146

 

 

NOTE DU RÉALISATEUR : CLAUDE CHAMIS

La Balade d’Ivan décrit le parcours atypique et poétique d’un jeune vagabond russe dans un Paris contemporain en proie au mépris, à l’indifférence, à la violence sociale. J’ai voulu donner une autre image, explorer une autre dimension de l’étranger, de l’exclu, du SDF, du migrant. Il fallait absolument sortir du réalisme social, évacuer tous clichés liés à un tel personnage. C’est à travers les mécanismes du conte que nous avons façonné ce voyage, cette étrange balade. Ivan est un être pur, très pieux, instinctif, un vagabond solitaire, un clochard céleste à la Kerouac ou à la Thoreau, un innocent dans le sens de Dostoievski, un jeune Saint qui porte en lui les valeurs du Bien et sur lequel le Mal va inéluctablement s’acharner. Si le contexte sociologique est très présent au début du film, dans la ville, j’ai voulu m’en éloigner par la suite, créer dans la nature un petit théâtre cruel, poétique, fantastique dans lequel plusieurs personnages singuliers vont croiser la route d’Ivan. Dans ma mise en scène, j’ai essayé de créer une autre durée, des coupes singulières dans le flow du film et dans le temps afin de donner à ma démarche un côté pulsatile et ultrasensible. Ce qui fut important pour moi avec ce film, c’est mon soin obstiné, mon attention à filmer méticuleusement le corps athlétique, sexy et slave de mon comédien, car c’est à travers le corps de ce comédien que toute l’histoire se lit et révèle ses secrets.

NOTE DU PRODUCTEUR & CO-SCÉNARISTE : SYLVAIN MAUGENS

Le point de départ de l’écriture fut une mauvaise rencontre que j’ai faite dans ma jeunesse un soir au bois de Vincennes. Cet incident m’a hanté et perturbé durant toute mon enfance jusqu’à aujourd’hui. J’ai proposé à Claude Chamis d’écrire une allégorie sur cette rencontre qui a brisé mon insouciance. Nous avons décidé de raconter une histoire qui aurait la forme d’un conte, d’une fable initiatique, d’un voyage cruel aux aspects bucoliques. Une aventure sensorielle, poétique, églogue. Nous sommes tombés d’accord sur le personnage kerouaquien du vagabond, pur et vierge, proie idéale de toutes les convoitises et des malveillances. Nous avons eu l’idée d’un jeune vagabond venant de Russie, qui débarque dans un Paris suffoquant en plein été et qui n’a de cesse d’être rejeté. Il va trouver refuge dans le bois de Vincennes aux abords de la ville où s’est construit une vie clandestine, asociale, avec ses propres codes et ses trafics. Ivan arrive totalement innocent dans la ville, il ressortira du bois profondément souillé et son innocence brisée.

Nous avons conçu ce scénario comme un petit théâtre duquel surgissent différents personnages qui vont percuter la route d’Ivan. Nous avons aussi écrit une voix-off qui agit en totale dichotomie avec les images luxuriantes de la végétation du bois dans la chaleur de l’été parisien, et celles - mentales - des hivers russes. Nous avons voulu que les seuls moments d’évasion d’Ivan soient les souvenirs de sa prime jeunesse lorsqu’il affrontait avec sa mère les rudes hivers moscovites. Nous souhaitions en effet apporter une autre dimension à cette histoire en ponctuant le récit filmique par des extraits de texte tirées de « La folie du jour » de Maurice Blanchot. Ce texte écrit par Blanchot en 1973 n’est ni un roman, ni une fiction véritable, plutôt un récit à la première personne en forme de confession. Les extraits que nous avons choisis évoquent et intensifient le parcours chaotique d’Ivan. Avec l’aide des Éditions Gallimard et l’accompagnement de l’ayant-droit de Maurice Blanchot, nous avons pu emprunter les premiers paragraphes de « La folie du jour ». Il nous a fallu découper le texte et le remonter sans trahir l’auteur pour faire rentrer naturellement ce texte dans le film. Ainsi, les pages du livre que nous avons filmées accompagnent le récit d’Ivan et racontent une autre histoire que celle à laquelle nous sommes visuellement conviés, tout en faisant cependant écho à celle-ci, comme si toutes ces histoires se répondaient entre elles.

L’écriture du scénario a duré tout un automne et un hiver, puis nous avons tourné le film dans la foulée au printemps et en été. Pour le rôle d’Ivan, nous cherchions un personnage au visage angélique, au regard pur et au corps musclé, sculpté et imposant. Lorsque nous avons rencontré le comédien Aram Arakelyan, nous avons tout de suite été séduits par son léger accent, puis par son parcours, reflet troublant du personnage nomade d’Ivan. En effet, Aram Arakelyan est né en Arménie puis a vécu toute son enfance en Russie, parlant parfaitement la langue, il est maintenant comédien à Paris. Pour nous, Aram Arakelyan était l’évidence même, l’incarnation parfaite de notre personnage principal.

Dès que nous avons été sûrs de notre choix, j’ai rassemblé avec Cobalt Films plusieurs financements privés pour mener à bien ce projet. Nous étions dans l’urgence de le tourner et n’avions pas le temps d’attendre le résultat de commissions interminables pour d’hypothétiques aides, ni l’envie de passer par des sites de financement participatif pour ne pas déflorer le sujet. Je connais bien Claude Chamis pour avoir produit pratiquement tous ses précédents courts et moyens métrages. Nous nous sommes lancés dans l’aventure d’un long-métrage. Cependant, nous avons gardé l’esprit court métrage avec une équipe réduite, pour être plus fluides et réactifs face aux conditions météorologiques d’un tournage en pleine nature. Claude Chamis est très proche de son directeur de la photographie Thibaut de Chemellier avec qui il a réalisé tous ses précédents films. Ainsi, avec cette équipe réduite, nous avons eu plus de facilité à suivre le comédien Aram Arakelyan, en caméra souvent portée à l’épaule, pour être au plus près de son corps, de ses rapports intimes, de ses mouvements, de ses fuites éperdues. Nous suivions au plus près toutes ses péripéties dans les méandres de ce bois, tel un parfait anti-héros. Tout cela contrastait avec l’aspect contemplatif des paysages en plans larges. Nous avons voulu montrer l’entêtement du corps d’Ivan à être présent dans chaque plan. Ce corps massif tranche avec sa vulnérabilité à être une proie facile. La nature qui l’entour vit à travers lui, autour et hors de lui, comme dans La Nuit du Chasseur de Charles Laughton, traduisant ainsi ses moments d’inquiétude ou de sérénité. Il était important de montrer à l’écran la vérité du corps et du langage échappant à tout effet de scénario et de discours. Ivan est intuitif, parle peu ou mal, se laisse plus guider par ses sensations et ses émotions que par sa réflexion. Grâce à cette technique de filmage, nous avons aussi pu laisser le réel et ses accidents infiltrer notre fiction (à l’instar de la séquence avec le chien à la fin du film que nous avons gardée au montage). Durant le tournage et la post-production, j’étais au plus près du travail du réalisateur, dans ses choix, ses doutes, ses incertitudes, comme tous les membres de l’équipe lors du tournage qui, insoucieux de leur propre difficulté, ont su porter ce projet malgré des conditions parfois compliquées. Je les en remercie infiniment.

La Balade d’Ivan est une sorte de conte moderne et cruel où les désirs et les desseins d'un jeune homme sont placés sous le signe de la marchandise, de la réduction de toute chose à son prix. L'enjeu du film est de montrer à travers son parcours, son vagabondage et ses rencontres, la montée croissante du pouvoir de l'argent. Cet argent qui contamine et détériore toute chose est l'un des thèmes majeurs de ce récit tout en embardées, digressions et plongées. La tonalité générale du film oscille entre noirceur et teinte douce-amère, enrichie de moments de grâce évanescente. Nous avons tenu absolument à intégrer ces moments de suspension dans ce récit souvent âpre et pessimiste ; des séquences sensuelles et pleines d'insouciance qui, loin de faire dévier du cauchemar que vit Ivan, le renforcent encore davantage.
 

AUTEURS & TECHNICIENS


REALISATEUR : Claude Chamis
CO-SENARISTES : Claude Chamis et Sylvain Maugens
CHEF OPERATEUR IMAGE : Thibaut de Chemellier
INGENIEUR DU SON : Jules Valeur
MUSIQUE ORIGINALE : Matthieu Fortin
CADREUR : Thibaut de Chemellier
MONTEUR : Samuel Zlatoff
MONTEUR SON ET MIXEUR : Matthieu Fortin
ETALONNEUR : Hugo Rossello
TRUQUISTE EFFETS SPECIAUX : Matthieu Fortin
ASSISTANT-REALISATEUR : Simon Appelfeld
ASSISTANT-CAMERA : Kevin Rosé
PERCHISTE : Jules Valeur
SCRIPTE : Louise van Dritts
DECORATRICE : Julia Oliveri
ACCESSOIRISTE : Gadi Tsekmann
COSTUMIERE ET HABILLEUSE : Pauline de Kerimel
MAQUILLEUSE ET COIFFEUSE : Jennifer Mulertt
REPEREUSE EXTERIEUR : Coline Madral
REGISSEUR GENERAL : Rachid Bouchri-Meziane
ASSISTANT REGISSEUR : Paul Le Grix
ASSISTANT REGISSEUR : Abdel Fourek
ELECTRICIEN : Martin Gomez
MACHINISTE : Laurent Marquès
RENFORT MISE EN SCENE : Pierre Libulle
BEST BOY : Florent Sybile
CAMION / VENTOUSAGE : Justin Bordier
SECURITE ET GARDIENNAGE : Samba Issoko

 

PRODUCTION


PRODUCTEUR DELEGUE : Sylvain Maugens
DIRECTEUR DE PRODUCTION : Sylvain Maugens
DIRECTEUR DE POST-PRODUCTION : Barnabé Daviou
ADMINISTRATRICE ET COMPTABILITE : Karen Peraldi
DIRECTEUR ARTISTIQUE : Sylvain Maugens
CASTING : Marion Touitou
PHOTOGRAPHE PLATEAU : Jennifer Mulertt
GENERIQUE ET SOUS-TITRES : Matthieu Fortin
TRADUCTRICE ANGLAIS : Sylvie Dujoncquoy
INFOGRAPHISTE : Théo Pierrette

 

CASTING


IVAN
Aram Arakelyan
BEN
Benjamin Baclet
PIERRE
Franck Zerbib
LA FILLE AUX CHEVEUX ROUGES
Camille Freychet
LA FEMME DE LA PAGODE
Corine Watrin
PACO
Pablo Alarson
LE CLIENT DU BOIS DE VINCENNES
Yves Balmès-Morgan
LE GARÇON DE CAFE
Paul Bettinger
LA JEUNE BOURGEOISE
Maylis de Poncins
LA DAME RUSSE
Lisbeth Wagner
LE JOGGER
Noé Alarson
LA VENDEUSE DE BONBONS
Judith Journo
JEUNE PROSTITUE DU BOIS DE VINCENNES
Stanislas Aurousseau
CLIENT DU BAR
Christos Grosdanis
AUTRES PROSTITUES DU BOIS DE VINCENNES
Tarek Nini
Martin Thiaw
Autres clients du bar
Marine Briallo
Elisabeth Dumont
Lucas Leuba
Jeanne Vicerial
Vanessa Tousignant
Mehdi Vilquin